Un peu de moi...

L'histoire banale d'un lecteur

 qui a mal tourné...


 Paul Laumar, vous êtes accusé d'avoir assemblé quelques milliers de mots et de les avoir glissés discrètement sur les rayonnages du fond de la grande bibliothèque Amazonienne, en faisant ainsi courir le risque à quelque internaute égaré, d'y tomber dessus.

– C'est exact, mais permettez-moi de me défendre car j'ai des circonstances atténuantes ! Toutefois, je risque d'être un peu long car il me faut remonter assez loin...

Tout a commencé dans la cité de mon enfance, entourée de quelques champs qui attendaient sagement l'arrivée des bulldozers...

J'avais bien quelques occupations :

- Parcourir cette campagne environnante, promise à une urbanisation galopante, pour y capturer quelques malheureux insectes que je trempais honteusement dans du formol pour les épingler et les collectionner au même titre que les timbres, cartes postales, monnaies et boîtes d'allumettes.

- Construire des maquettes Faller ou Jouef avec le paternel quand il n'était pas occupé à bichonner sa voiture fétiche (l'une de ses innombrables 4CV achetées d'occasion, qui demandaient des soins permanents),

- Démonter des moteurs de Mobylette dans la cave du voisin du dessous,

Mais, en dehors de ça, quand je manquais d'imagination pour préparer quelques vacheries à l'attention de mes sœurs aînées ou que mon prochain projet de fugue était suffisamment éloigné pour ne pas m'occuper à plein temps, il me restait pas mal de temps disponible !

– Mais... l'école ?

– Oui, c'est vrai, vous avez raison, j'y allais de temps en temps, mais je n'étais pas vraiment accro...

Et puis, il y avait :

- une bibliothèque paternelle trop bien remplie

- une presse bien achalandée au pied de l'immeuble

Les tentations étaient nombreuses, j'avais du temps libre, alors j'ai sombré...

J'ai lu... beaucoup ! trop ? Trop tôt ?

À cet âge merveilleux auquel on ne se demande pas s'il est bien normal de se passionner autant pour la vie trépidante des pois sauteurs du Mexique que pour celle des Rougon Macquart ou de suivre avec autant d'intérêt le Capitaine Némo, Philéas Fogg, Bibi Fricotin, Astérix ou les Pieds Nickelés, d'être aussi à l'aise en compagnie de Bérurier que du Docteur Watson, et de respirer à pleines pages les collines sombres de Giono, ou celles plus souriantes de Pagnol et Daudet...

Bref ! je me sentais plutôt pas mal dans ce bouillonnement de mots hétéroclite... Mais, quand on a eu une enfance motheureuse, ça laisse toujours des traces...

Un jour embusqué au coin de la vie, un concours de circonstances m'attendait, accompagné d'un manque d'humilité évident, j'ai alors eu la faiblesse de croire que les quelques mots que j'avais envie de tricoter pouvaient être lus sans déplaisir par quelques lecteurs et j'ai basculé...

– Hum, hum ?... Oui, mais les titres, tout de même ! N'avez-vous jamais songé à employer notre belle langue pour nommer vos euh... ouvrages ?

– Non, mais c'est une excellente idée, je note !

– Et puis, il y a ce genre économico-absurdo-comico dont vous abusez pour exposer vos idées et puis ces dialogues entre vous-même et vos personnages, est-ce que c'est bien sérieux tout ça, Paulot ? Vous permettez que je vous appelle Paulot ? Croyez-vous que l'on peut écrire ainsi en toute impunité ?

– Oui, bien sûr, mais non... mais je vous promets que je le referai encore. Mais cela aurait pu arriver à d'autres, cela arrive à d'autres, et vous-même qui lisez ces lignes, vous sentez-vous assez fort pour résister à la tentation, si un de ces jours, une très forte envie de poser quelques mots pour les faire partager, venait toquer à votre huis ?

Alors, je réclame votre indulgence car comme tant d'autres, je ne suis qu'un simple lecteur qui a mal tourné.

Un jour, j'ai franchi la ligne blanche, je suis passé de l'autre côté des mots.

De l'amour des mots lus, j'ai basculé vers l'étreinte avec les mots écrits.

Oui, je vous l'assure, tout a commencé ainsi...


Paul Laumar

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